Microtypographie

Posted by: on Déc 30, 2015 | No Comments

La microtypographie quant à elle désigne la lettre, l’interlettrage, le mot, l’espace, la ligne et l’interlignage, ainsi que la colonne.  [source : Le détail en typographie, Jost Hochuli, Éditions B42]

Le travail du graphiste consiste à rendre la lecture la plus confortable possible et surtout permettre une compréhension qui soit la plus fidèle à celle de l’auteur. L’importance du contenu dans le travail de mise en page et le rôle du graphiste est parfaitement expliqué par Jan Tschichold.

Il existe une relation hiérarchique entre les différentes parties d’un texte. Cette relation logique et absolue est déterminée par le sens même du texte.
C’est le rôle du typographe (graphiste) d’exprimer cette relation de la manière la plus claire et visible au moyen de la taille des caractères, de la graisse, de la mise en page (arrangement des lignes), l’utilisation de la couleur et de la photographie, etc…
Le typographe doit prendre le plus grand soin pour étudier et comprendre comment son travail est lu et doit être lu. [Jan Tschichold The New Typography, 1928]

 Le processus de lecture

Si vous observez une personne lire vous vous rendrez compte que le regard avance par saccades en faisant constamment des petits aller-retours très rapides. La lecture n’est donc pas un processus parfaitement linéaire et unidirectionnel. L’oeil s’attarde quelques millisecondes sur des parties du mot (parfois même le mot précédant ou le suivant) pour ensuite « reconstituer » le sens de la phrase. Voir visuel ci-dessous [Source : Le détail en typographie, Jost Hochuli, Éditions B42]

processus lecture

Les deux premiers points sur lesquels il est possible d’agir pour faciliter le processus de lecture sont la taille des caractères et l’espace entre les lettres.

  • Si les caractères sont trop petits ou trop gros, le texte devient difficile à décoder et la lecture est fatiguante. On s’accorde à dire que un corps entre 8 et 10 points est optimum pour un lecteur adulte avec une bonne vision.
  • Si l’espace entre les caractères est trop important le mot se délite. S’il n’y pas assez d’espace entre les caractères, ils se télescopent les uns avec les autres et deviennent difficile à décoder. Dans les deux cas la séparation entre les mots est moins claire et la lecture en saccade se fait moins bien. Voir Interlettrage 1 ci-dessous

interlettrage1

Espace entre les lettres ou espace interlettres

Pour commencer il faut bien faire la distinction entre :

Le crénage ou réglage de l’approche (kerning en anglais)

Ajustement de l’espace entre les lettres d’une police de caractères. Certaines paires de lettres, de par leurs formes font apparaitre des espaces très importants comme les majuscules L et A par exemple. [Indesign : Crénage]. Voir à ce sujet KernType : un jeux d’approche

l’interlettrage (tracking en anglais)

Ajustement des espaces entre les caractères dans leur globalité à l’intérieur d’un mot. Dans un paragraphe de texte (ou un titre long), en fonction de la police choisie, il arrive que l’espace entre les caractères ne soit pas harmonieux (trop ou pas assez). On parle d’interlettrage serré, normal ou large. [Indesign : Approche]

Règle générale

Dans la majorité des cas, l’espace entre les lettres prévu par le dessinateur de caractères ne nécessite pas d’intervention. Malgrès cela, dans certain cas précis comme les titres ou les mots en caractères gros, ou si la police est de qualité discutable, il est nécessaire d’ajuster manuellement l’espace entre les lettres.
Il n’existe pas de règle mathématique pour ce type de réglage et seul une attention particulière (et l’expérience) permet de juger d’un interlettrage harmonieux pour une lecture fluide et agréable.

On peut tout de même dégager quelques tendances :

1/ Titres en bas de casse

En bas de casse, l’espace entre les caractères dois être moins important (interlettrage serré) pour les titres que pour le texte de labeur (interlettrage normal). Voir Interlletrage 2

interlettrage2

2/ Texte en petit corps

Les textes en petit corps (inférieur à 7/8 points) sont difficile à lire et les lettres semblent se rentrer les unes dans les autres. En augmentant l’espace entre les lettres (interlettrage large) on peut améliorer leur lisibilité. Voir Interlettrage 3

interlettrage3

3/ Texte en lettres capitales

Les textes en haut de casse nécessitent souvent un interlettrage large. En effet dans la majorité des polices de caractères, l’espace entre les lettres a été pensé pour les bas de casse et les combinaisons Majuscule-miniscule. Lorsqu’on utilise uniquement des capitales il est bon d’augmenter l’espace entres les caractères. Voir Interlettrage 4

interlettrage4

Tous les ajustements de l’interlettrage doivent être fait avec attention et retenue, le but étant de faciliter la lecture sans être remarqué.

Espace entre les mots ou espace intermots

L’espace entre les mots est un autre paramètre qui impact sur le processus de lecture. Si les mots sont trop proches les uns des autres, la lecture est plus lente. S’ils sont trop éloignés les uns des autres il devient difficile de les re-connecter mentalement ce qui peut aussi ralentir la lecture. lorsque les colonnes de texte sont étroites il est parfois judicieux de réduire l’espace entre les mots de manière globale.
[Indesign : Paragraphe>Options>justification ou style de paragraphe>justification]

On distingue deux cas de figures :

Dans le cas de colonnes de texte non justifiées (texte aligné à gauche ou à droite, voir Les alignements dans la chapitre La colonne), l’espace entre les mots par défaut est généralement bon et il est rarement nécessaire de le modifier.

Dans le cas de colonnes de texte étroites et justifiées, les espaces entre les mots deviennent irréguliers (pour permettre la justification). En fonction du nombre de mots par ligne, ces espaces peuvent devenir trop important et faire apparaitre des zones vides sur plusieurs lignes (lézardes). Voir chapitre Réglages et retouches.

Espace entre les lignes ou interligne

L’interligne, ou espace entre les lignes (entre une ligne de pied et la suivante) se mesure en points (comme le corps). L’interlignage par défaut empêche les mots de 2 lignes adjacentes de se toucher, mais il est souvent nécessaire de l’ajuster en fonction des autres paramètres de la composition (police, corps, largeur des colonnes).

Une technique simple de réglage de l’interlignage est de commencer avec un interlignage égal au corps (ex. interlignage 10, caractères corps 10) puis de l’augmenter progressivement jusqu’à obtenir une composition homogène, un gris typographique ni trop dense, ni trop léger (voir chapitre Le paragraphe pour la notion de gris typographique).

Un interlignage moyen pour du texte de labeur est approximativement de 120% du corps. Pour un texte en corps 10pt, l’interlignage est de 12pt. Voir Interlignage 1 :  Trois colonnes de texte avec la même police, le même corps, et la même largeur de colonne. À gauche l’interlignage est trop serré, au milieu, interlignage correct, et à droite l’interlignage trop large.

interlignage1

Les sources pour cet article :

  • Le détail en typographie, Jost Hochuli, Éditions B42
  • Inside Paragraphs: typographic fundamentals, Cyrus Highsmith, The Font Bureau, Inc.
  • Mise en page(s), etc. Manuel, Damien et Claire Gautier, Pyramyd
  • Les fondamenteaux de la typographie, Gavin Ambroise et Paul Harris, Pyramyd

En compléments de ces notions, la microtypographie comprends les règles typographiques de base. Vous en trouverez un bon résumé des l’article Pense-bête typo avant impression ou l’art du “rechercher/remplacer”.

Voir aussi l’article sur la ponctuation

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