Macrotypographie
La macrotypographie désigne l’agencement de l’espace typographique et la mise en page : le format de l’imprimé, la taille et la disposition des colonnes de texte et des illustrations, la hiérarchisation des titres et des légendes. [source : Le détail en typographie, Jost Hochuli, Éditions B42]
Le paragraphe
Notion de gris typographique
L’allure générale d’un paragraphe (plus ou moins dense) est fonction du caractère choisi, du style utilisé et des espaces.
Chaque police possède des caractéristiques intrinsèques qui lui confère une allure général une fois composé au sein d’un paragraphe : Hauteur d’x par rapport aux ascendantes et descendantes, contraste entre pleins et déliés, épaisseur des fûts, axe des caractères (inclinaison). Le style typographique (graisse et chasse) est aussi un paramètre qui conditionne l’allure générale du texte.
Les polices avec des contre-formes plutôt ouvertes et généreuses ainsi que les styles typographiques léger (light) ou très léger (ultra light) confèrent une allure générale plutôt légère et aérée aux paragraphes. A contrario, les polices grasse ou étroites, avec des contreformes réduites confèrent une allure générale plus dense. Voir Gris typographique. À gauche Open Sans light, à droite Cooper Black.
Une fois les choix de la police et du style fait, on est parfois amené à régler les espaces que nous avons discuté précédemment, à savoir les espaces entre les lettres, les espaces entre les mots (via la justification), et les espaces entre les lignes.
L’ensemble de tous ces paramètres agissent donc sur l’allure générale du texte. On parle souvent de la couleur d’un texte ou gris typographique pour exprimer cette qualité.
Plus la typographie est grasse, étroite, avec des espace resserrés, plus le texte est dense. Dans le cas contraire, lorsque la police est plutôt aérée et les espaces ouverts, on parle de texte claire.
Hiérarchie et interdépendance des espaces
Il existe aussi une hiérarchie basée sur sur la taille des espace. Plus les espace sont petits (espaces entre les lettres), plus ils affectent l’allure générale du paragraphe, et donc plus ils devront être réglé avec attention.
Pour chaque type d’espace, il existe un équilibre délicat entre trop et trop peu. Les espaces au sein d’un paragraphe sont aussi étroitement interdépendant de manière que la bonne composition dépend du réglage des espaces les un par rapport aux autres.
Des espace entre les lettre trop resserrés avec des espace entre les mots plutôt généreux confère au texte une allure irrégulière avec des « trous ».
La colonne
Notion de rythme de lecture
Le gris typographique donne le tempo : Plus les espaces sont fermés (le gris typographique est sombre) plus le tempo est rapide. On retrouve ce type de composition dans les journaux avec des colonnes étroites. Elle permet une lecture rapide et une économie d’espace. Par contre lorsque les espaces sont plutôt ouverts (gris typographique clair) le tempo est lent. C’est le cas des livres dont la composition est adapté à une lecture plus longue.
Alignements
Le choix de l’alignement dicte la silhouette générale du texte. Un bloc texte pour être en alignements libres ou justifié. Dans le cas d’alignement libre on distingue 3 types d’alignements : Voir Alignements
Les textes alignés à gauche
On parle aussi de texte « au fer à gauche » ou « ferré à gauche ». C’est l’alignement le plus classique, on parle aussi de « drapeau à droite » à cause de la forme irrégulière du bord droit.
Les textes alignés à droite
On parle aussi de texte « au fer à droite » ou « ferré à droite ». Plus difficile à lire, les textes alignés à droite sont moins courant.
Les textes centrés
Difficile à lire ce type d’alignement est rare et réservé pour des textes courts.
Dans les cas d’alignement libre (essentiellement à droite), l’attention du graphiste se porte sur la forme générale du drapeau qui doit être le plus rectiligne possible. (voir Retouches et Réglages)
Texte justifié
Il est tentant (et facile) de justifié un texte pour régler la question des drapeaux disgracieux mais cela engendre d’autre problèmes. Pour permettre la justification le logiciel de mise en page ajuste les espaces entre les mots et entre les lettres jusqu’au point où certains espaces entre mots sont trop important et font apparaitre des coupures ou lézardes. Voir chapitre Retouches et réglages.
Justification
La justification correspond à la largeur des colonnes, c’est à dire la longueur des lignes. Ce choix n’est pas arbitraire car il conditionne l’allure générale de la page et le rythme de lecture. Plus les colonnes sont large, plus le tempo est lent.
Le choix de l’alignement et l’utilisation des césures dépend de la justification (largeur des lignes), du type et style de caractères, et du corps de caractères. Ces choix dictent à leur tour l’allure général de la page et le tempo de la lecture.
Colonne très étroite (justification étroite) : Uniquement envisageable pour un texte court en alignement libre (non justifié).
Colonne étroite (au alentour de 30 signes par lignes, entre 4 et 8 mots) : le tempo est rapide. En dessous de ce seuil il est impossible de justifier sans risquer de nombreuses lézardes.
Colonnes moyennes (55 à 65 signes par lignes, autour de 10 mots) : le tempo est moyen, la lecture est posée, les lignes sont ni trop longues, ni trop courtes.
Colonnes larges (plus de 80 signes par lignes ou 14 mots) : Si le texte est long, cela demande un effort particulier. Un interlignage généreux peut faciliter la lecture.
Réglages et Retouches
Dans les cas de colonnes étroites et moyennes, le fait de justifier le texte entraine parfois l’apparition de lézardes (a)(traits rouge-orange dans l’exemple). L’alignement libre (b) et l’utilisation de césures (c) (la terme correcte est coupures) permet d’éviter les lézardes. Voir Justification 2
Plus la colonne est large moins les césures sont nécessaires. Quand on utilise les césure, plus la colonne est courte plus elles sont nombreuses, ce qui est aussi gênant pour la lecture. En règles générale on évite 2 césures qui se suivent.
Pour ajuster le nombre de césure (pas du tout, un peu ou beaucoup) on peut modifier le nombre de signes par lignes et jouant sur :
- La longueur des lignes (largeur de la colonne)
- La taille des caractère (corps)
- L’encombrement des caractères (type de caractères, style, chasse)
- Espaces entre les mots et entre les lettres
Drapeaux disgracieux
Dans le cas de texte aligné à gauche, il se peut que le bord droit présente des cassures très marquées (b), ou qu’une ligne dépasse nettement ce qui peut nuire à la lecture ou perturber l’équilibre général de la page. La travail du graphiste est de régler la composition pour obtenir un bord le plus rectiligne possible. Pour cela il peut utiliser les césures (c), ajuster leur fréquence ou encore modifier très légèrement l’espace entre les lettres.
Les veuves et les orphelines
Autres ennemis du graphiste, la veuve et l’orpheline sont à éviter à tout prix.
- Veuve : Mot isolé ou une ligne creuse en fin de paragraphe, rejeté et haut de page
- Orpheline : La première ligne d’un paragraphe qui se trouve en bas de page ou de colonne.
Les sources pour cet article :
- Le détail en typographie, Jost Hochuli, Éditions B42
- Inside Paragraphs: typographic fundamentals, Cyrus Highsmith, The Font Bureau, Inc.
- Mise en page(s), etc. Manuel, Damien et Claire Gautier, Pyramyd
- Les fondamenteaux de la typographie, Gavin Ambroise et Paul Harris, Pyramyd
Et pour ceux qui ont pas suivi, un résumé en vidéo avec l’accent de la Belle Province…