Dessins, gravures…
À l’occasion d’une visite au Musée de Valence j’ai pu voir l’expo Dessins, gravures… de Fragonard à Picasso. Au-delà des oeuvres elles-mêmes, ça m’a permis de réviser mes connaissances sur les techniques, dessin et estampes notamment. Ci-dessous la retranscription d’une partie de la brochure de l’expo qui explique de manière simple ce qu’est le dessin et surtout le rôle de l’estampe dans l’art et la comunication, et une explication des différentes techniques.
Le dessin
le dessin, c’est la probité de l’art
(Jean-Auguste-Dominique Ingres)
Le mot dessin, orthographié parfois « dessein » jusqu’au 17e siècle, désigne le mode d’expression d’une idée, par une combinaison de signes organisés à la surface d’un support grâce à un outil : crayon, craie, plume, pierre noire, sanguine… Le plus ancien dessin est préhistorique et il est, comme le langage, intimement lié au mystère du développement de la conscience humaine.
Chez les artistes occidentaux, après la Renaissance, il devient la base de l’enseignement des arts et intervient à toutes les étapes de la création artistique. Il permet à l’artiste de se former, soit par la copie des oeuvres d’autres peintres, soit par l’étude de sculptures, de monuments de l’Antiquité, ou de modèles vivants.
Il lui permet ensuite de se créer un répertoire de modèles, de formes, d’attitudes, de motifs, qui lui serviront de ressources pour composer une oeuvre. C’est ainsi qu’Hubert Robert, François Boucher, Jean-Honoré Fragonard ou Antoine Watteau enregistrent dans des recueils des motifs d’architecture, des sculptures ou des figures humaines dont ils se servent ensuite dans leurs peintures.
Le dessin est également la base de la composition, il permet d’exprimer rapidement les idées et de mettre en place les volumes, les masses, la perspective. La technique du dessin préparatoire à la peinture ou à la sculpture était enseignée à l’Académie. Sous forme de croquis, d’esquisses, d’études ou de modello, le dessin pose les premières pensées de l’artiste et montre l’avancée de son travail vers l’oeuvre aboutie.
Cependant, le dessin peut aussi être une oeuvre indépendante qui n’amène pas nécessairement à une peinture. Le goût des collectionneurs et la multiplication des outils graphiques à partir du 17e siècle confèrent plus d’importance au dessin autonome.
L’Estampe (graver, imprimer, reproduire)
L’estampe est le premier procédé qui applique à la création artistique des techniques de production en série. Elle peut faire intervenir deux personnes différentes, le dessinateur et le graveur.
À la mort d’Antoine Watteau au début du 18• siècle, de jeunes graveurs capables de reproduire ses dessins – dont le jeune François Boucher – sont réunis pour constituer un recueil qui devient un outil de travail précieux pour les artistes. Dans ce cas précis, et comme souvent, la gravure est principalement utilisée comme outil de communication et de diffusion. Mais d’autres artistes se sont approprié ce procédé dans un objectif tout autre, apprenant à maîtriser les possibilités qu’il offre et réalisant eux-mêmes des gravures originales plutôt que de les confier à des praticiens spécialisés. Francisco de Goya, qui fut l’un des premiers à utiliser l’aquatinte dans sa célèbre série des Caprices publiée en 1799, conçoit par exemple ses estampes comme des oeuvres à part entière.
À la charnière des 19e et 20e siècles, l’une des premières entreprises d’édition d’estampes modernes voit le jour, à l’initiative du marchand d’art et éditeur Ambroise Vollard. Les artistes – impressionnistes notamment – s’emparent différemment du médium : alors que Cézanne grave très occasionnellement, Renoir tire un grand nombre de lithographies en couleur, profitant de la popularité graJlldissante de cette technique. La plupart de ces artistes furent en tout cas, dans ce domaine, de grands expérimentateurs.
Plus tard, les cubistes Georges Braque et Pablo Picasso sont eux aussi de grands adeptes de techniques expérimentales, en unissant par exemple l’aquatinte à l’eau-forte. Créateur frénétique, Picasso s’essaie à toutes les techniques nouvelles de la gravure, qui stimulent à chaque fois sa créativité, et finit par être à l’origine de plus de deux mille estampes originales.